Un autre regard, l'hypnose

 

Olivier DOSTATNI, Infirmier Diplômé d'Etat, Hypnothérapeute

Chaque praticien s’efforce d’accompagner ses patients au plus près de la réalité médicale. Une réalité scientifique rationnelle qui définit le cadre de travail du soignant. Pourtant, on se retrouve face à un mur de questionnement dès lors que la symptomatologie clinique diffère de la réalité des explorations réalisées. Il faut se rendre à cette évidence. Parfois, en dépit de son apprentissage, de ses expériences, le praticien demeure sans réponse face à la problématique du patient. Certains soignants vont parfois jusqu’à dire : « vous n’avez rien, c’est dans votre tête ! ».

Peut-on réellement considérer derrière une telle croyance que la prise en charge a été réalisée de manière holistique ?

La problématique du patient n’est-elle pas l’arbre qui cache la forêt ?

Il semble fondamental de garder à l’esprit une question d’ordre philosophique qui traduit l’attitude de questionnement que chacun se doit d’avoir au quotidien face à ses patients : « Suis-je sûr de ne pas me tromper ? ».

Il est évident qu’il est impossible de rester sur ses acquis. L’inscription dans une dynamique de formation continue à laquelle le soignant est soumis en est bien le reflet. Aborder les choses sous divers regards, différentes perceptions, permet de s’enquérir de cette vision globale de la prise en charge.

Pour autant, on ne peut pas ignorer l’intérêt croissant des patients à se tourner vers des approches alternatives. Ce regard, ne pousse-t-il pas chaque soignant à sortir de sa zone de connaissance cartésienne pour ne plus être confronté à ces situations d’échecs thérapeutiques ?

N’est-ce pas simplement se souvenir de l’origine-même de notre médecine traditionnelle que de regarder les techniques ancestrales qui ont permis de comprendre une grande partie de nos schémas thérapeutiques modernes ?

 

Naturellement regarder d’autres pratiques ne consiste pas à prendre pour argent comptant ce qui est dit dans l’univers des médecines dites « parallèles », « alternatives ».

D’autant que le terme « médecine » est lui-même souvent décrié dans ce cadre. C’est plutôt accepter de constater que certaines approches telles que l’hypnose fonctionnent et apportent des résultats particulièrement concluants.

Alors que les Sumériens, 4.000 ans avant notre ère, décrivaient sur leurs tablettes des méthodes hypnotiques, les Grecs Anciens, quant à eux, pratiquaient la médecine par les songes dans le sanctuaire d’Epidaure.
Bien plus tard, l’Abbé de Faria (1756 - 1819), moine portugais, met en avant le travail sur la suggestion dans un « sommeil dit lucide ». Ce travail donnera naissance à l’hypnose moderne.

James Esdaile (1808 – 1859), chirurgien écossais, réalise les premiers actes chirurgicaux sous hypnose avant que ne soit découvert le chloroforme et ses vertus en anesthésiologie.

Plus tard, naitront différents courants : l’hypnose ericksonienne, l’hypnose elmanienne, l’hypnose traditionnelle, l’hypnose humaniste, l’hypnose intégrative, l’hypnose conversationnelle…

L’hypnose ericksonienne : installé en « position basse », le praticien dirige le patient vers un état modifié de conscience. L’utilisation d’un langage flou en apparence permissif invite le patient à entrer à l’écoute de ses sens, de sa réalité intérieure. Cette méthode est la plus usitée en France. L’image du Français qui aime comprendre ce qui se passe prend ici tout son sens.

L’hypnose elmanienne : installé en « position haute », le praticien est extrêmement dirigiste. Cette branche de l’hypnose est une réponse au tempérament anglo-saxon beaucoup plus à même de respecter les consignes du « sachant ».

Là où l’hypnose ericksonienne est particulièrement respectueuse et permet au patient de prendre son temps pour rentrer en état d’hypnose, l’hypnose elmanienne permet une transe hypnotique en quelques secondes.

En fait, ces différents outils permettent au thérapeute d’ajuster parfaitement sa pratique aux besoins de son patient.

De manière générale, l’hypnose fait partie de ce que l’on qualifie « thérapie brève », c’est-à-dire qu’un nombre maximal de dix séances permet de répondre à la demande du patient.

Cette thérapie « orientée solution » ne cherche pas la raison de l’origine d’un état. Il n’est pas possible de modifier le passé, mais il est possible d’avancer.

 

La Société Française d’Hypnose, dans un rapport de 2015 disponible sur le site de l’INSERM (« Evaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose »), reconnait l’efficacité de l’hypnose dans certains troubles du rythme cardiaque, l’hypertension artérielle, les problèmes vasculaires.

Ces bienfaits sont reconnus au même titre que son efficacité en addictologie, sur les troubles du comportement alimentaire et pour bien d’autres applications encore.

Comment est-il possible d’accorder un spectre d’efficacité si large à une approche complémentaire ?

Naturellement, il n’est pas envisageable de considérer qu’un accompagnement par l’hypnose peut suffire, à lui seul, à guérir une pathologie cardiaque ou tout autre pathologie. Toutefois il est indéniable que l’hypnose permet d’agir en complément d’un accompagnement médical conventionnel.

Si on regarde chacune de ces problématiques, le stress semble être un facteur commun à ces situations. Ses manifestations sont innombrables tant au niveau cardiaque qu’en ce qui concerne, par exemple : les douleurs chroniques injustifiées, le syndrome du côlon irritable, l’eczéma, la dysfonction sexuelle, etc.

L’hypnose est un état modifié de conscience. C’est-à-dire qu’à chaque instant le patient est conscient de la situation vécue tout en créant une suspension du temps et une sensation possible de dissociation.

L’hypnose est un état que chacun vit naturellement au quotidien. Qui peut dire ne jamais avoir été « dans la lune » ? Ce moment privilégié, souvent qualifié de rêve éveillé, permet de réviser les perceptions, c’est-à-dire classer les milliers d’informations que nous percevons à chaque instant. S’autoriser un autre regard à un moment où l’inconscient répond parfaitement à la suggestion, qu’elle soit directe ou non. Le patient est actif. Il met en place et teste des solutions conformément à ses options personnelles.

Le praticien, quant à lui, intervient en tant que guide. Il s’assure que le patient se dirige en toute sécurité dans la bonne direction sans pour autant lui imposer la route à emprunter. A chaque instant, le patient est conscient du message qui lui est adressé et il est capable de quitter spontanément cet état. Finalement, loin des clichés de l’hypnose de spectacle, où il s’agit autant d’hypnose que d’illusion, à aucun moment le patient ne dormira.

 

 

Il existe cependant des contre-indications formelles. Ainsi, les sujets souffrant de pathologies psychotiques non stabilisées, de troubles maniaco-dépressifs et de troubles bipolaires ne pourront bénéficier d’un tel accompagnement par une personne autre qu’un psychiatre.

A ce jour, la profession d’hypnothérapeute fait partie des professions non réglementées. Il semble donc indispensable de mettre en avant l’importance de la formation du praticien. S’il existe différents cursus universitaires qui permettent d’acquérir les compétences nécessaires, on ne peut pas négliger les efforts réalisés, depuis plusieurs années, par certaines écoles privées pour garantir un suivi théorique et pratique de qualité à leurs étudiants. Avant de consulter un professionnel de l’hypnose il est donc fondamental de s’enquérir de son parcours de formation (il n’est pas sérieux de se dire professionnel de l’hypnose après quelques heures de formations suivies en ligne). L’Arche, Psynapse, par exemple, sont deux écoles de référence dont le sérieux des formations n’est plus à prouver. Elles offrent à leurs étudiants un contenu pédagogique de qualité qui s’inscrit dans un processus de certification et respecte la déontologie de la profession.

Aujourd’hui, l’hypnose dite médicale est encore particulièrement décriée. Pourtant, ses bienfaits ne sont plus à démontrer dans bien des domaines. A ce jour, beaucoup d’études sont en cours de réalisation.

Ne pas faire attention au choix de son hypnothérapeute c’est choisir « de monter l’Everest sans guide ».

Il ne fait aucun doute que d’ici quelques années les résultats mettront en avant un champ d’action encore plus large qu’il ne l’est actuellement. D’ici là, force est de constater que les portes des hôpitaux s’ouvrent de plus en plus à cette profession. Sans doute est-ce le signe d’une évolution voire même d’une révolution qui vise à se diriger toujours davantage vers une prise en charge holistique des patients.

 

Olivier DOSTATNI
Infirmier Diplômé d'Etat, Hypnothérapeute
DU Electrophysiologique Cardiaque
Maître Praticien en Hypnose Ericksonienne
Maître Praticien en Programmation Neuro Linguistique
Praticien Deep Neural Repatterning

Vous devez être connecté pour poster un commentaire